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La Ballue : sculptures végétales en plein ciel. Garden_Lab#12 - Architecture & jardins.

La Ballue : sculptures végétales en plein ciel

La Ballue : sculptures végétales en plein ciel. Garden_Lab#12 - Architecture & jardins.

Dans les jardins de la Ballue, en Bretagne, un bosquet de pins de Monterey initialement planté pour occulter une vue indésirée sur le paysage alentour s’est peu à peu transformé en une sculpture végétale géante. Quand l’amour des arbres fait naître une histoire jardinière…

Les jardins du château de la Ballue à Bazouges-la-Pérouse, en Ille-et-Vilaine, sont connus pour leurs chambres de verdure impeccablement taillées et leurs jeux d’ombre et de lumière. Mais voilà, au début des années 2000, deux massifs de pins de Monterey échevelés brouillaient le message paysager. Les arbres avaient été plantés en bosquet dans les années 1970 par Claude Arthaud, propriétaire du domaine à l’époque, pour occulter la vue sur des bâtiments agricole et industriel jugés disgracieux dans le paysage de bocage du Couesnon. Trente ans plus tard, les arbres atteignent une trentaine de mètres de hauteur. Le bosquet sud-ouest en droite ligne de la terrasse du château commence sérieusement à contrarier la lecture du Jardin régulier de François Hébert-Stevens. « Ces arbres étaient tristes et bloquaient le ciel et la vue », se souvient Marie-Françoise Mathon, propriétaire du château de la Ballue et de ses jardins depuis 2005.

À son arrivée, elle remarque que bon nombre d’arbres ont été laissés à l’abandon depuis trop longtemps. Une allée de tilleuls et ces deux bosquets de pins de Monterey la préoccupent. « Je suis très sensible à la cause des arbres, ajoute-t-elle aussitôt. J’ai appris à les regarder et à ne plus considérer que seule la tronçonneuse peut agir sur eux. » Elle fait part de sa préoccupation à Pierre Bazin, expert en arbres, qui lui répond aussitôt : « J’ai l’homme de l’art qu’il vous faut ! » C’est là que Claude Le Maut entre en scène.

À la suite d’une première série d’interventions pour reprendre la marquise de tilleuls, la discussion s’engage sur le bosquet sud-ouest. L’arboriste constate le mauvais état des arbres. Beaucoup de bois mort jonche le sol et des branches cassées obstruent le passage. « Le pin de Monterey a la propriété de monter vite et de se débarrasser de ses branches basses, surtout s’il est planté en forte densité comme c’était le cas de ce bosquet. Le risque était que les éléments du paysage que les propriétaires cherchaient à occulter redeviennent très visibles », raconte-t-il. En plus du contraste peu heureux que le bosquet générait sur le jardin très soigné en avant-plan.

JARDINIER DES ARBRES

La discussion porte en particulier sur l’engagement dans le temps. Claude Le Maut est jardinier arboriste et l’un des premiers Français à la fin des années 1980 à avoir été formé à la taille à la japonaise, une taille douce qui remet l’arbre au centre du métier. Il explique aux propriétaires que cette pratique par approche demande un suivi régulier sur des années : « Nous avons d’abord réalisé un toilettage pour embellir les arbres en retirant le bois mort et en supprimant les branches cassées, puis j’ai montré qu’au travers de mon travail, il était possible de contrôler les volumes, de gagner de la lumière, de travailler l’esthétique de ces arbres grâce à des tailles successives. » Marie-Françoise Mathon se laisse convaincre et accepte de s’engager dans cette entreprise de longue haleine. L’équipe de Claude Le Maut se met sur-le-champ au travail et prendra dès lors ses quartiers d’hiver à la Ballue tous les deux ans pour bichonner les arbres des jardins. Chacun a été formé à cette taille particulière par le jardinier arboriste et développe sa propre activité d’arboriste.

La Ballue : sculptures végétales en plein ciel. Garden_Lab#12 - Architecture & jardins.

TRANSPARENCE CONTRÔLÉE

Douze arbres du bosquet sur dix-huit seront conservés. Les tailles successives sur les formes et les densités vont révéler leur beauté. Les vues sont travaillées depuis chaque pièce du château. Claude Le Maut est le seul homme à rester à terre. Il dirige à la voix chaque geste de l’équipe de grimpeurs perchée dans les arbres qui manient sécateurs et scies japonaises. La tronçonneuse n’intervient qu’en dernier recours !

Vingt ans après, le résultat est spectaculaire. Le bosquet s’est mué en sculpture végétale en plein ciel, digne du jardin à son pied. Une sculpture qui doit continuer à être régulièrement visitée par l’équipe. Ces pins de Monterey sont devenus des « arbres jardinés », selon l’expression de Claude Le Maut, qui dit pratiquer « le jardin en mouvement à la verticale ».

« Le travail de taille réalisé a permis de retrouver le ciel, tout en continuant à cacher le bâtiment agricole dans le paysage, se satisfait Marie-Françoise Mathon, qui s’est piquée au jeu et fait appel à l’équipe pour d’autres travaux. « Non seulement parce que je suis perfectionniste, mais également parce que ce travail est tellement beau », dit-elle, oubliant volontiers les heures de ramassage des déchets de taille !

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Cet article est extrait du douzième opus de la revue Garden_Lab : Architecture et jardins.

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