En pleine ville, une habitation atypique, un terrain de 115 m² et une famille qui entend vivre autant dehors que dedans. Un paysagiste, par un jeu de structure et de forme, a rempli le contrat : créer un écrin intime et familial.

Lorsque Sébastien et Jennifer s’installent dans leur résidence fraîchement réhabilitée, en région parisienne, il sont quasiment les seuls résidents et occupent un loft duplex et un studio nichés au fond d’une allée. Bien sûr, ils avaient noté l’importance du vis-à-vis mais à l’époque, ils se concentrent sur l’aménagement de leur intérieur. Arrivent les beaux jours et une folle envie d’investir l’extérieur. Cela démange terriblement les enfants d’ailleurs. Cent quinze mètres carrés au total en double L. Mais voilà, quoi faire pour satisfaire à la fois la gourmandise, le souhait de partager des moments familiaux à l’abri des voisins, l’envie de jardiner de Sébastien, la joie de la détente et du jeu des plus petits ?

Bertrand de la Vieuville est appelé à la rescous­se. Sur place, il identifie la présence de deux lieux de vie distincts à relier d’une manière ou d’une autre. « Je vais focaliser l’intention autour d’un jardin riche en diversité végétale, fonc­tionnel et nourricier et créer une sorte de ­cocon familial autour de l’habitation principale. Sébastien et Jennifer m’ont précisé que le studio est pour le moment inoccupé tant que les enfants sont ­petits. La famille aime les couleurs, la nature, les beaux objets, comme j’ai pu m’en rendre compte dans leur intérieur. Je vais réfléchir au moyen de concilier ambiance légère et colorée et contrainte du voisinage et, bien sûr, penser à l’aire de jeu. J’ai remarqué que le terrain près du loft est en ­légère déclivité. Je pourrais m’en servir pour créer une animation. »

Bertrand pose sur le papier les première idées fortes : utiliser cette pente pour créer trois terrasses en cascade ; prévoir une autre terrasse autour du studio et relier ces deux ilôts par un cheminement bucolique. « Cette passerelle, je l’imagine libre comme un chemin de campagne dans lequel s’insèreront de-ci de-là des petites parcelles potagères pour la culture des plantes aromatiques et de quelques légumes de saison. Enfin, la partie la plus éloignée, à droite du ­studio, sera engazonnée et entourée d’arbres ­fruitiers palissés contre le mur. » Le fil conducteur du jardin est le bois. Au sol d’abord, les terrasses sont montées en bois exotique, de l’ipé, qui en deux ans a déjà pris cette teinte grisée adoucissant l’ambiance ­générale du jardin. Le passage champêtre bordé de ­graminées répondant au doux de nom de ­cheveux d’ange (Stipa tenuifolia) est réalisé avec des traverses en chêne de couleur blonde, entre lesquelles sont jetées des paillettes d’ardoise. « Je vais prolonger cet effet ajouré à la verticale maintenant sur le mur et en clôture».

Sur les murs, des lattes de pin fixées sur des montants servent de partitions aux notes fleuries des plantes grimpantes (akébies, clématites). La clôture est composée de lattes de 3 cm de largeur distancées de 3 cm les unes des autres. « Cette disposition a un double impact : cacher du regard et laisser filtrer la lumière. » Ce même double effet sera reproduit avec la végétation. Pour occulter le voisinage, Bertrand adopte la stratégie des arbustes, dont deux érables du ­Japon taillés en cépée. Mais pas alignés au garde-à-vous en haie touffue. Non, ils seront plantés en quinconce, libres de se développer et de jouer pleinement leur rôle de filtre. Démonstration est faite que le travail sur les structures et les formes a servi à donner du sens à ce petit espace atypique et ingrat au départ.

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+ Garden_Lab#02