Réhabilité en 2011 à l’initiative de ses nouveaux propriétaires après 50 ans d’abandon, le potager Colbert fait figure de modèle à qui veut inventer de nouveaux paysages nourriciers. Sacré « plus beau potager de France » à deux reprises, en 2016 et en 2021 par le concours national des jardins potagers dans la catégorie « jardin potager privatif dans un environnement paysager », le potager Colbert a fait de la diversité un tableau gustatif et sensoriel offert au regard et aux papilles de ses visiteurs.

S’il vous prend l’envie d’une mise en bouche gustative au restaurant du Château Colbert, à Maulévrier en Maine-et-Loire, attendez-vous à finir les mains dans la terre. Le Stofflet et ses assiettes imaginées par le chef Jean-Yves Massonnet sont en effet inspirés par le terroir et les légumes du potager… situé à deux pas des cuisines ! Au potager Colbert, 8000 m2 de paysage nourricier offre plus de 200 espèces et une multitude de variétés de légumes, de plantes aromatiques et de fleurs comestibles – toutes cultivées en production biologique -, que les visiteurs auront plaisir à visiter et déguster. Restauré il y a une dizaine d’année par l’architecte paysagiste Gwenaël Tanguy, le potager Colbert est aujourd’hui savamment orchestré par son jardinier en chef, Mickaël Vincent, qui en a repris les rênes en 2015, après cinq années passées au potager du Roi de Versailles. Invité à l’occasion de la première édition du Lab des Paysages, consacré à la culture du goût, Mickaël Vincent fait pourtant partie de ces jardiniers qui quittent rarement la douceur de leur jardin pour répandre la bonne parole. Malgré tout, il milite chaque jour à sa façon pour l’éveil de la curiosité et des sens, en partageant, avec la générosité et l’humilité qui lui sont propres, sa passion et ses connaissances avec les visiteurs, les groupes, les élèves et les étudiants qui viennent régulièrement sur le site.

Du jardin à l’assiette : la diversité gustative et sensorielle

« Le potager Colbert a été restauré avec le tracé des jardins à la française, selon les plans originaux du 17ème. Il s’inscrit donc dans une dynamique paysagère, mais avec une dimension nourricière, gustative. C’est également une expérience sensorielle, grâce à tous les sens qu’il convoque », explique Mickaël Vincent. Selon les saisons, les 8 000 m2 du potager couvrent 25% des besoins en légumes du chef, 50% des besoins en herbes aromatiques et 100% des besoins en fleurs comestibles. « Le potager est un moyen de reconnecter le goût et l’expérience de dégustation au travail de la terre et de l’assiette. La diversité doit être perpétuellement remise en cause pour retrouver de nouvelles saveurs, celles destinées à vous décrocher un sourire devant l’assiette, » poursuit-il. Et pour cause, outre la dimension productive, le potager Colbert nous réapprend surtout la vertu du temps long, la patience de celui qui cultive et l’émerveillement de la découverte. « Les enfants en particulier, sont très demandeurs de cet apprentissage. En tant que jardinier, la sensibilisation et l’éducation doivent faire partie de notre quotidien. Il y a urgence à transmettre aux générations futures ». Avis aux passionnés !

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Le 27 septembre 2022 se tenait la première édition du Lab des Paysages, co-organisé par Garden_Lab et art & jardins | Hauts-de-France, en plein cœur du Festival international de jardins I Hortillonnages Amiens. Un cycle de rencontres professionnelles dédié aux acteurs du jardin et du paysage, pour réfléchir et imaginer ensemble de nouvelles propositions paysagères.