La maison et le jardin des sept montagnes en Suisse catalysent la pensée de ses concepteurs. Fernando Caruncho et ses fils ont créé un habitat qui greffe l’homme à la nature, en parfaite harmonie.

Le discret jardin épouse les courbes de niveaux, avant de se fondre dans la nature. Pour le paysagiste concepteur espagnol Fernando Caruncho, c’était une évidence, à l’écoute de ce lieu (une ancienne prairie sur les hauteurs de Lugano, en Suisse) : la seule manière de le traduire en quelques traits jardiniers consistait à en souligner le paysage de montagne.

La maison, conçue par l’atelier Caruncho, tout comme le jardin s’effacent devant le paysage, jusqu’à disparaître. C’était le postulat de départ en 2010. « La cliente nous avait demandé de l’aider à savoir si le site se prêtait à son projet d’unir architecture et jardin, avant d’acheter le terrain », se souvient Fernando Caruncho. L’achat acté, elle mandate donc le paysagiste pour la conception et la réalisation de son projet. L’objectif de l’habitat à construire était clair : « concevoir la maison comme une pièce fondamentale du jardin ».

Connecter l’homme au paysage

Du terrain de 1 ha, très escarpé, la vue plonge dans une vallée hérissée de montagnes et d’arbres, jusqu’aux berges du lac de Lugano. Ce paysage hypnotise la famille Caruncho, le père Fernando et ses deux fils, Pedro et Fernando, architectes. « Le principal défi consistait à habiter la pente raide et à établir le lien avec le paysage », reprend le paysagiste.

Le climat de cet alpage est précontinental. La terre est acide, exposée plein sud. Autant dire que les étés sont ici très chauds. Comme à son habitude, Fernando Caruncho s’imprègne du site pour composer une maison ouverte sur le paysage et un jardin minimaliste dont chaque élément est connecté à la maison. « Il était essentiel de conjuguer jardin et architecture avec le paysage », dit-il. Le pavillon est inspiré de l’architecture d’une orangerie : allongé, pourvu de larges ouvertures et incrusté dans la terre des alpages. Pourquoi avoir choisi une architecture habituellement dédiée aux plantes pour abriter les hommes ? « Parce les humains, comme les plantes, ont besoin de lumière en plus de beauté pour vivre », renchérit Pedro Caruncho, l’architecte. La maison est posée au point culminant de la propriété de façon à offrir le meilleur poste d’observation du paysage. Ses grandes verrières permettent d’apprécier le panorama presque sans entrave. En contrebas de la maison orangerie, un large chemin engazonné serpente à travers les courbes de niveaux soulignées de murets habillés de végétation persistante. Il est à la fois un balcon sur les montagnes et un appel à se perdre dans la forêt. Ainsi fait, « le regard s’empare du paysage grâce au jardin », note Fernando Caruncho.

Au-delà d’offrir une lecture des alentours, les lignes simples et épurées de cet aménagement ont pour effet d’adoucir l’épaisseur de la forêt, mystérieuse et sombre. (…)

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Cet article est extrait du douzième opus de la revue Garden_Lab : Architecture et jardins.

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