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« À Rebrousse-Poil » la carte verte d' Alexis Tricoire à de Chaumont-sur-Loire.

« À Rebrousse-Poil » avec Alexis Tricoire

« À Rebrousse-Poil » la carte verte d' Alexis Tricoire à de Chaumont-sur-Loire.

Alors que la 30ème édition du Festival international des jardins de Chaumont-sur-Loire bat son plein, les créations et installations de cette nouvelle saison estivale s’attachent à nous livrer quelques clés pour repenser notre rapport à la nature et au vivant. Cette année, carte verte est donnée au designer végétal Alexis Tricoire, qui nous livre avec créativité et conscience sa définition du biomimétisme au jardin, thème de cette édition 2021.

À déambuler dans le secret du vallon des brumes, ne vous étonnez pas d’avancer à Rebrousse-Poil… Oui oui, vous avez bien lu ! Des brosses industrielles pourraient bien venir gratter votre curiosité, savamment dispersées au cœur d’une nature luxuriante. Entre émerveillement et questionnement, le designer et plasticien Alexis Tricoire joue ainsi l’ambiguïté et le paradoxe dans un jardin où artificiel et nature détonnent autant qu’ils s’hybrident.

À REBROUSSE-POIL, ENTRE HYBRIDATION ET OPPOSITION

« On prêche par le beau, le poétique et le romantique, quelque chose qui est insupportable pour tout le monde… » Voilà qui résume l’approche d’Alexis Trioire dans cette carte verte « à rebrousse-poil ». Avec une démarche autant réfléchie que créative et expérimentale, le designer végétal a pris le parti de transformer des rebus industriels, en l’occurrence des brosses, en œuvres d’art biomimétiques. Se transformant tantôt en fleurs, tantôt en lianes, tantôt en champignons, en serpents ou en arbres… l’objet perd un peu de son artificialité pour intégrer une nature avec laquelle il finit par d’hybrider. À première vue, l’union pourrait paraître contre-nature, et c’est bien là tout l’intérêt. À gratter sous la surface, la question des problématiques écologiques qui agitent aujourd’hui nos sociétés apparaît très vite. « Ce genre d’installation est réalisée pour nous amener à parler de ces sujets et, par la sensibilité et l’émotion, à réagir. »

Ainsi placés en immersion, les éléments artificiels ouvrent un dialogue qui émerveille autant qu’il interroge sur la cohabitation entre naturalité et artificialité : entre hybridation et fusion de deux paysages opposés, le designer Alexis Tricoire réussit avec brio à façonner une hétérotopie contre-nature destinée à bousculer nos représentations et nos habitudes. À l’image de l’arbre balayeur placé en fin de parcours, il nous rappelle avec créativité et finesse à nos responsabilités individuelles. Lesquelles ? Réfléchissez encore un peu, ou bien prenez simplement le temps d’une balade à rebrousse-poils…

ALEXIS TRICOIRE, DESIGNER D’AMBIGUÏTÉS

Pour ce passionné de nature qui mêle toujours design, industrie et végétal dans ses créations, le thème de cette édition 2021 du Festival international des jardins avait de quoi inspirer. Garden_Lab a voulu en savoir davantage sur la démarche de l’artiste et comprendre ce qui se cachait sous l’apparente poésie de cette carte verte biomimétique.

Garden_Lab. Le biomimétisme, thème de cette nouvelle édition du Festival international des jardins, est sujet à bon nombre d’interprétations. Quelle a été la vôtre pour la réalisation d’« À Rebrousse-Poil » ?

Alexis Tricoire. Une première approche du biomimétisme, la plus évidente, consistait à offrir une représentation de la nature avec des éléments artificiels. Autrement dit, comment transformer des brosses, des éléments industriels, de manière à nous rappeler ce que l’on trouve dans la nature ? C’est une approche très esthétique et visuelle. Ensuite, je souhaitais explorer un biomimétisme de paysage, c’est-à-dire une forme de fusion entre les éléments artificiels qui sont installés et la nature elle-même. Tout à coup, l’objet placé devient un support de développement de la végétation ou encore un refuge pour les animaux, et fait donc partie de l’écosystème. Selon moi, c’est une autre approche du biomimétisme que de vouloir pénétrer et s’intégrer dans un écosystème vivant.

G_L. Pourquoi avoir choisi la brosse ? Et pourquoi ce nom, « À Rebrousse-Poil » ?

A.T. La première fois que j’ai réalisé une installation avec des brosses, c’était dans les Serres du Jardin des Plantes à Paris en 2014. À l’origine, j’ai découvert l’univers de la brosse industrielle totalement par hasard, mais j’ai trouvé qu’il y avait dans cet objet un potentiel infini, tout un univers et un vocabulaire en rapport avec le végétal, en particulier ses formes infiniment variées et sa nature fibreuse. Et puis, les brosses s’immiscent dans le paysage de façon assez surprenante et se prêtent tout particulièrement au biomimétisme. Quant à l’expression « à rebrousse-poil », cela vient de la démarche contre-nature qui consiste à placer des éléments et déchets industriels dans un espace naturel. Finalement, je prône la gestion des déchets et le recyclage en intégrant ces objets dans la nature. C’est mon côté paradoxal et à « rebrousse-poil » !

G_L. Quelle a été votre démarche pour investir le vallon des brumes qui est un espace « sauvage ». Qu’avez-vous observé quant à la manière dont les brosses s’intègrent au site dans le temps ?

A.T. Il y a d’abord une démarche particulière qui consiste à essayer de comprendre la topographie de ce paysage, comment il est constitué, quels en sont les différents espaces, les différents éléments, pour s’y intégrer au mieux et donner une nouvelle lecture à ce qui s’y passe. Ensuite, il faut faire preuve d’une créativité assez spontanée qui consiste à se dire : j’ai un paysage, j’ai des brosses, un matériau industriel préfabriqué, maintenant comment je fais pour unir les deux ? C’est cette sorte de mayonnaise qui s’est opérée pendant les deux mois de la conception et de la réalisation avec des tests, des essais, des modélisations pour trouver des solutions qui nous plaisent : des clins d’œil, des jeux de mots… qui nous permettent de délivrer un message de manière poétique, ludique et pédagogique.

Avec le temps, on voit des brosses en fleurs recouvertes de magnifiques toiles d’araignées visuelles et graphiques ; les éléments placés se transforment en abris pour les insectes et le résultat est assez splendide. On voit également des plantes grimpantes qui se glissent dans ce que j’ai appelé des « spirolianes », des brosses en forme de spirale, et qui viennent tranquillement coloniser les éléments installés. Finalement, l’objet devient partie du paysage, à l’image des déchets ensevelis sous la végétation. Ce qui m’intéresse, c’est toujours cette ambivalence qui dérange et qui suscite un débat. On est émerveillés par des pièges à émotions, des éléments poétiques et visuels qui attirent l’œil mais avec in fine ce questionnement autour du traitement de nos déchets industriels. C’était notre volonté : surprendre et questionner pour inciter au changement et à la transformation.

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« À Rebrousse-Poil » la carte verte d' Alexis Tricoire à Chaumont-sur-Loire.
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