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Euphorbe, pépinière Filippi, Garden_Lab10, Jardins et sécheresse.

Euphorbiacées, la panacée !

Euphorbe, pépinière Filippi, Garden_Lab10, Jardins et sécheresse.

Elles s’adaptent à tout, et fortes de leur utilité, les euphorbiacées ont conquis quasiment toute la planète. Dans cette famille,
 les extravagantes et séduisantes euphorbes comptent bien gagner du terrain dans vos jardins.

Une des euphorbes annuelles les plus communes s’appelle « petite éclaire » ou « réveille-matin », en écho à son nom grec qui signifie qu’elle suit la courbe du soleil (Euphorbia helioscopia). « Éclaire » pourrait tout aussi bien s’entendre comme le signal électrique du vert de ses fleurs ou celui de la douleur ressentie par la main qui la cueille. Car s’écoulent alors de sa tige des gouttelettes d’une sève laiteuse si corrosive qu’elle vaut à la plante le surnom d’« herbe à verrues », qu’elle est censée brûler. Toxique, certes, mais dans le cas de l’hévéa du Brésil, source du caoutchouc naturel, utile. Ce latex est le plus identifiable des critères qui relient l’herbe à l’arbre et à plus de six mille autres plantes. En effet, seuls les botanistes sont en mesure de définir ce qui regroupe des herbacées annuelles et vivaces de moins de 1 m à des arbres quarante fois plus hauts, associant aussi des plantes grimpantes, des aquatiques, et des spécimens adaptés aux zones arides, que l’on prendrait pour des cactées. Ils les ont répartis en plus de trois cents genres, dont la plupart s’épanouissent en zone subtropicale ou tropicale, alors qu’en zones tempérées, le genre Euphorbia auquel se rattachent nos euphorbes est le plus représenté.

À UTILISER AVEC PRÉCAUTION

Selon les plantes, la sève a une teneur plus ou moins élevée en acide cyanhydrique. Heureusement, il existe des antidotes efficaces, comme la cuisson, pour ce qui est des plantes nutritives, et le lavage immédiat à grande eau, pour les cuisiniers et les jardiniers qui ne se sont pas parés de gants et de manches longues. Cela suffit à éviter de graves brûlures. Vous connaissez le manioc (Manihot esculenta) : tout dans cet arbrisseau tropical est poison, ce qui ne l’empêche pas d’être la cinquième plante alimentaire la plus prisée dans le monde et une des ressources recommandées aux… allergiques au gluten. Riche en glucides, le type amer donne après cuisson farine et fécule, quant au type doux, quasiment inoffensif, il se pèle et se prépare comme une pomme de terre. Autre plante tropicale qui nous est familière, le ricin (Ricinus communis) apporte une touche exotique à nos massifs d’été. Ne vous avisez pas de mâchouiller son feuillage attrayant, qu’il soit vert ou pourpre, ni ses fruits très décoratifs, vous vous en repentiriez très vite. En revanche, n’hésitez pas à utiliser l’huile extraite de ses graines, elle est reconnue bienfaisante pour la peau et les cheveux. Les graines de bancoulier (Aleurites moluccana) une espèce naturalisée aux Antilles, ont des propriétés similaires, tout comme le pouvoir de protéger le bois et de sécher rapidement. Dans nos régions moins clémentes, si la température ne descend pas sous 0 °C, c’est la beauté des feuilles et le parfum des fleurs qui pourraient faire adopter cet arbre. En véranda ou en serre, d’autres curiosités, tels les Jatropha et autres sculptures végétales intrigantes, peuvent être sujets à collection. En attendant, continuez à faire de votre salon un espace vert, accueillez si vous les aimez les crotons et les rituelles invitées de Noël, les grandes étoiles rouges des poinsettias (Euphorbia pulcherrima). Toutes les espèces sont bienvenues, maintenant que vous êtes avertis des précautions à prendre.

ATTIRANTES POUR TOUS

Leur attractivité, les euphorbes la doivent aussi à leurs fleurs, même si celles-ci se font discrètes. En effet, leurs bouquets de cyathes, du grec cyathium qui signifie « coupe », bien que formés de bractées (feuilles simplifiées) et non de pétales, entourent de vraies fleurs. Une femelle est ainsi entourée de plusieurs mâles, à la base desquels les glandes nectarifères appellent à la pollinisation une myriade d’insectes. Dont les abeilles, qui après avoir visité l’euphorbe « petit-cyprès » (E. cyparissias) fleurie plus de six mois, offrent un miel particulièrement prisé au Maroc. Quant à l’euphorbe mellifère (E. mellifera), il suffit de se référer à son nom d’espèce et à son parfum délicieux pour apprécier son pouvoir. Plutôt que du nectar, les fourmis préfèrent se nourrir de la substance grasse qui suinte des graines mûres de « petite éclaire », déjà citée. En vol de nuit, certains papillons comme les sphinx manifestent leur dépendance aux euphorbiacées, notamment celui dit justement « de l’euphorbe », qui est inféodé à « petit-cyprès ». Encore elle! Cette relation unique est indispensable à son alimentation et à sa reproduction, à la manière du lien exclusif et vital noué entre le papillon paon-de-jour et l’ortie. C’est pourquoi la préservation de la biodiversité passe, au jardin, par une pratique mesurée et intelligente du désherbage, et en cours de promenade, par l’interdiction de cueillettes sauvages. Le pouvoir du latex des euphorbes corsica, hyberna, palustris, peplis, spinosa n’étant pas assez dissuasif, ces dernières ne survivent, dans certaines régions, que grâce à des mesures de protection drastiques.

ORIGINALES ET INDISPENSABLES

Impossible de ne pas reconnaître un pouvoir décoratif à ces annuelles, vivaces ou arbustives, à nulles autres comparables. Sous nos climats, plus de deux cent cinquante espèces et variétés, spontanées ou cultivées, combinent des formes de feuilles et de fleurs aux teintes sophistiquées et évolutives. Leurs silhouettes sont très efficaces pour tapisser les sols ou structurer les massifs. De plus, si leur exigence se limite en général à un sol drainé, elles peuvent se satisfaire de sols pierreux, voire, pour certaines espèces, de terres lourdes et humides. Le plein soleil leur est nécessaire. Dans les régions où il est trop vif, placez-les au soleil du matin ou du soir. Pour résumer, si les euphorbes sont faciles, aucune d’elles ne mérite d’être reléguée au titre de « faire- valoir » des grandes classiques des massifs, bien qu’elles excellent dans ce rôle. La liste de toutes les méritantes que vous pourriez aimer étant trop longue, laissons trois fans, qui les cultivent dans trois régions différentes, vous présenter leurs préférées. Ils partagent ici leur expérience de pépiniéristes et de paysagistes.

TÉMOIGNAGES DE PROFESSIONNELS

En Seine-Maritime, au jardin Plume, chez Sylvie et Patrick Quibel, on est en présence d’un sol lourd, d’une humidité hivernale et d’une chaleur estivale. Sylvie Quibel loue la variété ‘Wulfenii’ de la grande euphorbe des garrigues (E. characias), à l’œil grenat et au feuillage persistant : « Elle supporte tout », dit-elle, abritée du vent, au chaud le long d’un mur, dans un sol drainé, et fleurit du printemps à l’été. Une autre valeur sûre, star des massifs, est l’euphorbe polychrome (E. polychroma) : avec son dôme de feuilles couronné de très nombreuses ombelles d’un jaune doux rustique, elle n’a pas bougé depuis vingt ans et ne s’est pas ressemée. Une autre chouchoute, l’annuelle euphorbe raide (E. stricta), forme « un petit brouillard doré rougeoyant à l’automne », qui se ressème dans un terrain léger, entre les briques du chemin avec catananches et pavots. « Chez nous, elles sont les piliers du jardin, autour desquels nous faisons des essais de compagnonnage », explique la pépiniériste, qui avertit : « Elles ne supportent pas d’être déplacées. »

Dans le Var, à la pépinière de l’Armalette, Isabelle et Benoit Beauvallet testent depuis longtemps des plantes qui affrontent les étés secs comme les hivers froids, dans des sols pierreux. L’euphorbe rigide (E. rigida), par exemple, « est hyper-adaptable », d’après eux : elle se plaît dans le gravier, le sable et sur les talus les plus ingrats, qu’elle embellit « par sa texture autant que par sa forme en coussins, très longtemps fleuris de jaune ».

Quant à l’euphorbe épineuse (E. spinosa), elle s’épanouit en « une boule de minuscules fleurs au parfum miellé, jaunes, avant de verdir et de roussir à l’automne. Elle est hyper-résistante au sec ». En tapis, ils conseillent « Euphorbia veneris, très compacte, et “faux cyprès”, drageonnante. »

Dans l’Aveyron, où ces derniers hivers il pouvait faire -10 °C, le paysagiste Christophe Valayé cite une exception : « L’euphorbe des marais (E. palustris) se plaît dans le sol lourd et humide des rives de l’étang. » Parmi les fou- gères exposées au soleil du matin, il a planté des euphorbes de Griffith (E. griffithii) :« Elles jouent leur rôle de fleurs ; jeunes, leurs bractées sont rouge orangé, puis jaunes de juin à juillet, pour être encore décoratives en graines. » L’été, le paysagiste couvre le sol de résidus de taille, ce qui maintient une fraîcheur qu’elles apprécient. Il cite encore trois variétés à longues floraisons jaunes, tapissantes en terrain caillouteux : « ‘Clarice Howard’, au feuillage bleuté devenant pourpre, ‘Fens Ruby’, qui de pourpre au printemps devient rouge orangé, et la seule dont le feuillage bleuté résiste au froid, l’euphorbe de Corse (E.myrsinite), qui pousse partout, s’étale et se ressème. » Incontournables, les euphorbes sont vos alliées, que vous soyez jardinier contemplatif, appréciant qu’elles se débrouillent toutes seules dans les endroits les plus vils, jardinier « responsable », économe en arrosage, ou jardinier esthète. La panacée, on vous dit !

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Cet article est extrait du dixième opus de la revue Garden_Lab : Jardins & sécheresse. À découvrir dans sa version intégrale

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Couverture de la revue Garden_Lab n°10, Jardins & sécheresse.

 

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