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L'esprit du jardin de curé revisité, par Géraldine Fortin, paysagiste. Garden_Lab 11, Paysages Olfactifs.

L’esprit du jardin de curé revisité

L'esprit du jardin de curé revisité, par Géraldine Fortin, paysagiste. Garden_Lab 11, Paysages Olfactifs.

En Normandie, la paysagiste Géraldine Fortin a créé autour d’un ancien presbytère un jardin aux mille parfums. Un jardin de curé revisité en sensualité, à vivre et sentir au fil des saisons. On y trouve le rare daphné ou un sureau au parfum de frangipane.

Saint-Pierre-de-Bailleul, dans l’Eure. Un peu à l’écart du village se dresse une bâtisse d’apparence austère, droite et proprette dans son crépi blanc. Un ancien presbytère, que ses nouveaux propriétaires, les Clerjeau, ont souhaité entourer d’un joli jardin champêtre, fleuri avec la complicité de la paysagiste Géraldine Fortin. Un jardin de curé ? « Oui, pourquoi pas, sourit sa conceptrice, si l’on garde de cette expression l’idée d’intimité, de proximité, dans le sens où le jardin permet de s’approcher au plus près des plantes… » Au plus près, pour pouvoir les sentir pleinement : car dans le jardin des Clerjeau, tout embaume et exhale, les fleurs semblant n’attendre que l’une des pluies courantes dans la région pour se mettre à scintiller de tous leurs pétales en exprimant une senteur envoûtante. Dans ce jardin aux teintes douces, dont les massifs s’épanouissent en camaïeux de blanc et de rose, l’odeur est en effet au cœur de la palette végétale. C’est un sens auquel Géraldine Fortin est très sensible : elle a proposé un éventail de floraisons claires et odorantes, enrichi au gré des coups de cœur des Clerjeau, tous deux passionnés de jardins et de botanique. Parmi sa sélection, on trouve Choisya ternata, l’oranger du Mexique, dont les feuilles, lorsqu’elles sont froissées, dégagent une fragrance rappelant l’amertume des agrumes ; Sambucus nigra ‘Black Lace’, une variété de sureau, « qui avec ses inflorescences vieux rose, son feuillage noir très découpé et ses ombelles, dont le parfum rap- pelle la frangipane, dégage un caractère un peu précieux » ; ou encore Trachelospermum jasminoides, le jasmin étoilé, aux inflorescences en minuscules étoiles qui exhalent, dès la fin du printemps, un parfum voluptueux de dolce farniente… Ces multiples odeurs se mêlent au sein de plates-bandes, pour une rencontre harmonieuse. Selon la paysagiste, la faute de goût reste assez rare en matière de parfum, car la nature associe les fragrances beaucoup mieux que nous ne saurions le faire.

Il y a néanmoins quelques fausses notes à éviter, aux abords des lieux de repos notamment, avec les belles Tulbalghia, de la famille des alliums, qui dégagent une puissante odeur d’ail. Les fruits du Ginkgo biloba exhalent aussi une forte odeur nauséabonde et il vaut mieux veiller à planter des sujets mâles !

UN JEU DE PISTE SAISONNIER

Dès lors que l’on parle de parfum, « le rôle du paysagiste reste cependant à relativiser », rap- pelle Géraldine Fortin. Pour elle, « il serait vain de vouloir créer un jardin pour son odeur. Dans la nature, celle-ci nous échappe en effet toujours, car une plante ne sent jamais avec la même intensité : cette dernière varie selon l’ensoleillement, le moment de la journée… » Reste donc à accepter que l’émanation d’un parfum au jardin demeure une sensation fugitive, qui prend le promeneur – et le jardinier – par sur- prise. « Chaque plante révèle son parfum en temps voulu, de façon inattendue, analyse la paysagiste. Cela crée une sorte de jeu de piste : on sent l’odeur, on la suit, on découvre une plante dont on ignorait la présence… » À l’image du lierre qui, en compagnie de l’aralia (Fatsia japonica) au feuillage exotique et du buis, sème le trouble dans les plates-bandes ombragées. « En fin d’été, son parfum sucré et suave est surprenant, car il contraste avec des ambiances visuelles vertes et fraîches », explique-t-elle. Un étonnement qui concourt à l’émerveillement et à la création de souvenirs marquants dans un lieu rythmé par le passage des saisons… Car si le paysagiste ne peut prévoir l’apparition d’un parfum, il peut en mettre en scène le surgissement au fil de l’année. Dans le jardin des Clerjeau, ce sont les fleurettes du Sarcococca qui annoncent le printemps : « Il faut vraiment les prendre en main pour les sentir. Lorsqu’elles apparaissent, c’est encore l’hiver, mais elles nous transportent déjà à la belle saison, pour moi elles sont vraiment l’odeur d’une promesse », confie Géraldine Fortin. Au printemps, c’est alors le lilas qui se réveille, puis en été les rosiers déploient leur ample floraison immaculée, en automne, c’est au tour de la sauge de rayonner de tout son feuillage, avant que, en hiver, les odeurs de terre et de feuilles mortes jaillissant après la pluie confèrent à l’espace une tout autre ambiance. L’expérience en est d’au- tant plus inoubliable que se cachent dans le jardin des Clerjeau des plantes à la fragrance rare, inimitable. Ainsi le daphné (Daphne odora ‘Aureomarginata’) se caractérise-t-il par « ses petites inflorescences roses et blanches, très discrètes, qu’il faut donc trouver au nez. En fin d’hiver, il en émane un parfum fleuri enivrant, que je n’ai jamais réussi à retrouver tel quel en parfumerie, et qui annonce là encore le retour du printemps… », conclut la paysagiste. En bouquet dans un vase, ses floraisons parfument toute une pièce. Aussi chaleureuse qu’un bon feu de cheminée, qui aurait cru qu’une brassée de fleurs puisse illuminer les frimas d’un jour d’hiver ?L'esprit du jardin de curé revisité, par Géraldine Fortin, paysagiste. Garden_Lab 11, Paysages Olfactifs.
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Cet article est extrait du onzième opus de la revue Garden_Lab : Paysages olfactifs. À découvrir dans sa version intégrale

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