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Garden_Lab#09 - Etre Botaniste

L’univers des plantes halophytes

Garden_Lab#09 - Etre Botaniste

La flore possède une étonnante capacité d’adaptation. Loupe à la main, c’est parti pour une leçon de botanique au cœur du monde étonnant des plantes halophytes, qui parviennent à se développer contre vents et marées sur un sol sableux et salé.  C’était un dimanche ensoleillé de septembre, en 2019, la Garden_Team retrouvait Thérèse Rautureau, dessinatrice et botaniste en herbe, et Véronique Mure, botaniste de terrain pour une petite leçon de choses sur les rivages de l’île d’Aix.

La salicorne a commencé à se parer de ses coloris d’automne. Vous savez, c’est cette plante que l’on consomme fraîche ou en condiment et dont les tiges ont l’allure d’une succession de petits boudins. « La plante accumule le sel dans les articulations supérieures qui en deviennent toutes rouges, explique Véronique Mure. Elle élimine alors l’excès de sel en se séparant des rameaux par petits bouts. »

L’observation sur le terrain des étonnantes adaptations du végétal

Un arbuste emblématique du littoral, le tamaris aux feuilles vert tendre plaquées sur les rameaux et aux inflorescences roses si vaporeuses, retient notre attention. « Ses rameaux sont poisseux, on dit que “ça pègue” dans le Midi », poursuit la botaniste avec son léger accent du Sud. À la loupe, on voit une foultitude de petits trous. « La plante a cette particularité d’émettre sur ses feuilles des cristaux de carbonate de calcium, puissant dessiccateur. Elle émet ces cristaux pour capter l’humidité de l’air. » C’est sa manière de récupérer l’eau douce et de se développer dans ce milieu réputé desséchant à cause des embruns, de la fréquence des vents, des chaleurs estivales, mais aussi des sols sableux qui laissent filer l’eau de pluie dans les profondeurs.

La rosette de feuilles argentées de la giroflée des dunes nous émerveille. D’avril à septembre, cette plante bisannuelle dressera des tiges pour percher de petites fleurs mauves aux pétales en croix caractéristiques de la famille des choux, les Brassicacées. « Vous ne pouvez pas imaginer la longueur de sa racine », intervient Thérèse Rautureau. Un peu plus loin, la renouée maritime (Polygonum maritimum) attire notre attention. « On reconnaît les Polygonum à leurs tiges, rapporte Véronique Mure. Chaque articulation est renflée comme un genou, Polygonum voulant dire “plusieurs genoux”. » Voilà un bon moyen mnémotechnique pour reconnaître toutes les renouées de la terre !

Je choisis mes modèles sur le terrain, mais c’est en dessinant que je découvre mille détails. 

 

L’architecture des plantes que nous croisons est extraordinaire, entre courbes et enchevêtrements. « Je me dis parfois, lorsque je vois ces tiges aux lignes parfaites, que cela sera facile à dessiner. Mais le résultat est toujours en deçà de la beauté naturelle », se morfond Thérèse Rautureau, qui s’amuse soudain à tirer du sol un filament incroyablement long. C’est le chiendent des sables, une graminée – Poacée, devrait-on dire, depuis que la famille a été rebaptisée ainsi. Ce n’est pas une racine mais un rhizome, nous apprend la botaniste : « Un rhizome a valeur de tige, souterraine, qui permet la multiplication végétative. De nouveaux pieds apparaissent à chaque nœud. » Ainsi, de proche en proche, le chiendent colonise le sable en se clonant, en quelque sorte. Une autre graminée est très présente dans l’anse du Saillant, la spartine. Elle affectionne les vases salées inondées à marées hautes. Elle se multiplie à vive allure et recouvre toute la surface. « Pour le meilleur et pour le pire, prédit Thérèse Rautureau. Tous les ans, la prairie gagne du terrain. Avantage, cela protège l’anse en cas de mauvais temps. Inconvénient, au lieu d’avoir une plage on a une prairie. Ces îlots que vous voyez sont apparus depuis un ou deux ans et finiront par se rejoindre. » « Remarquez ses feuilles qui s’enroulent, reprend Véronique Mure. C’est un des modes de protection contre la sécheresse qu’utilise la spartine, mais aussi l’oyat. En s’enroulant sur elle-même, lorsque l’air est sec, la feuille protège ses stomates – ces pores présents sur l’épiderme des organes aériens des plantes et qui leur permettent d’absorber le dioxyde de carbone, de rejeter l’oxygène et de transpirer. Lorsque les stomates sont fermés pour éviter que la plante perde de l’eau, celle-ci arrête aussi sa photosynthèse et se met donc au repos. D’autres plantes, comme les euphorbes, ont adopté une autre stratégie en plaquant les feuilles sur la tige. »Garden_Lab#09 - Etre Botaniste

Les « mattes » sont fréquentes sur ce milieu, une appellation locale qui désigne un ensemble de plantes entremêlées. Ce terme a intrigué la botaniste, car il est également employé pour définir un groupe d’arbustes compact dans la garrigue. Ces mattes créent des microclimats. Les plantes se répartissent en rang serré à partir d’un noyau qui sert de protection contre le vent. Notre balade se termine sur un pied d’Eryngium maritimum, autrement appelé panicaut. Cette plante, aux extrémités de feuilles piquantes et aux belles inflorescences en petites boules violettes, a une curieuse manière de disséminer ses graines. Le pied tout entier part et roule sur la plage.

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À lire en version intégrale dans Garden_Lab #09 Être botaniste

Garden_Lab#09 - Etre Botaniste
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