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Ville de Wissous, La nature en ville, Garden_Lab.

Michel Pena, la ville-paysage est
une nouvelle vision de la ville vivante

Michel Pena, paysagiste-urbaniste, La nature en ville, Garden_Lab.

Le terme ville-paysage a été inventé par Michel Pena, paysagiste concepteur, fondateur de Payssages qui agit pour les paysages d’avenir et parrain de la collection d’ouvrages « Inventons la ville-paysage » by Garden_Lab aux Éditions Fabrique de Jardin. Il signe ainsi la préface de La nature en ville d’Arnauld Delacroix, premier opus de la collection.

« Le paysage émane de la relation tendue entre un milieu physique et un sujet percevant. Cette relation est favorisée par les conditions particulières du milieu physique (la « nature ») et/ou du sujet (la « culture »). L’écologie nous a proposé une autre approche scientifique de la nature, dépassant la connaissance de l’objet pour la comprendre au sein d’un système de relations. Cette approche a engendré une nouvelle sensibilité qui privilégie l’ensemble à l’élément ; la notion même de paysage en est le versant sensible. Il s’agit d’admettre que l’individu est placé dans un système complexe, mouvant, vivant, et que cela est exaltant ! Mais les villes ont été dessinées à partir des principes de construction des bâtiments. Le paysage, c’est l’inverse d’une structure, d’une « architecture » : c’est un système d’éléments dispersés qui résonnent entre eux et duquel émane cette musicalité environnementale. Cette distance si nécessaire, certains l’appellent « le vide ». Le paysage revendique ce vide-là ! Car il est fait de ciel, de vent, d’air, de 
terre, dont la vie a tant besoin pour exister.

Le concept de nature est utile au paysage car il dénote un caractère bienfaiteur. Ainsi la ville-paysage est-elle également la ville qui hébergera plus de « nature » pour une vie plus riche. Pourra-t-on d’ailleurs jamais évaluer la richesse à l’aune de la profusion du vivant ? Il nous faudra changer de modèles, se libérer de la pensée dominatrice de la construction pour apprendre à penser par les milieux. La ville-paysage est basée sur une pensée de mise en relation de l’hétérogène, tant des choses inertes que des choses vivantes. Le génie du paysage est de faire un ensemble cohérent et accueillant avec des éléments composites. La ville-paysage sera une matérialisation de la « pensée complexe », chère au philosophe Edgar Morin et mettra en application la pensée de la « troisième nature ».

Ce qui relève de la « nature » s’oppose d’ordinaire à ce qui relève de la « technique ». Or nous savons qu’il est question aujourd’hui de faire des villes à la fois plus denses, donc plus « techniques », et plus écologiques, donc plus naturelles ! C’est bien cette contradiction fondamentale qu’il s’agit de résoudre et qui motive de nombreux travaux de paysagistes contemporains, notamment ceux d’Arnauld Delacroix. Comment constituer un écosystème vivant et cohérent à partir des éléments hétérogènes de l’architecture, des voiries, des objets techniques ou des espaces de pratiques ? En proposant un autre modèle urbain. Sans doute les villes se sont-elles jadis édifiées contre la « nature », afin de créer des lieux parfaitement adaptés aux seuls humains, rejetant à l’extérieur le sauvage dangereux. On comprend combien aujourd’hui cette relation au monde a changé. La notion même de ville seule devient de toute évidence obsolète. Partout la ville-objet se dilue dans le territoire. Partout s’altère cette contradiction territoriale fondatrice du concept de l’enceinte protectrice contre la menace du dehors. L’archaïque dualité géographique ville-campagne ne doit-elle pas être dépassée, alors que les villes sont devenues des « agglomérations » et que les campagnes sont peuplées d’urbains ? Cette dualité se réduit-elle aujourd’hui à une question de densité relative ? 
Il n’y a plus de ville dessinée dans un territoire « hors la ville ». Il ne reste aujourd’hui qu’un territoire plus ou moins compact, dont les « zones denses » sont des souvenirs lointains des centres urbains, des taches plus ou moins marquées sur une nappe géographique entièrement maculée. D’où la pertinence de la pensée paysagère, qui émane du territoire, pense le vide et les relations. Cette pensée permet de concevoir l’organisation de l’espace non plus comme une architecture, objet fini, autour duquel on pourrait tourner, mais comme un écosystème dans lequel on se trouve, et avec lequel on évolue.

Aussi Arnauld Delacroix n’est-il pas un simple « naturaliseur » de ville, un verdisseur ! Il propose un changement de pratiques et de comportements. Pour cela, il pense les espaces selon le paradigme de la complexité vivante, et son exercice est démonstratif sur trois points essentiels : le temps ; la maîtrise des facteurs d’apparence environnementale ; et la liberté de création intégrant les exigences du paysage.

Le temps : depuis vingt ans, Arnauld prend soin de construire des collaborations réjouissantes avec ses maîtrises d’ouvrage. Il établit patiemment une vision partagée grâce à la durée. Il en est ainsi de son travail sur la commune de Wissous. Ayant su établir un climat de confiance nécessaire avec les élus, il a construit des environnements urbains en utilisant le temps comme force de création. Il a imaginé des interventions évoluant avec délicatesse. L’approche sur la durée permet donc de susciter les rencontres, de se faire connaître, de mieux expliquer et de mieux échanger avec les habitants. La démarche d’Arnauld montre que nos contrats de maîtrise d’œuvre sont à ce titre bien imparfaits, car calqués sur les contrats d’architecture, alors que notre travail ne se fait que dans la « transformation ». L’inscription des projets dans le temps long n’est pas seulement une question de pousse des végétaux, c’est avant tout un ajustement progressif des interventions avec les femmes et les hommes qui les vivent. Ce qui importe, ce sont les interrelations dynamisantes entre les êtres vivants.

La maîtrise des facteurs de l’apparence : la notion d’apparence est souvent mal interprétée et associée à la superficialité. Or, le travail du paysagiste est surtout de résoudre les problématiques liées aux apparences environnementales. Le paysage naît du visible. La pratique de l’espace est d’abord perçue. « Voir » est une part entière et dominante du « pratiquer ». Le paysagiste se bat pour avoir la responsabilité de toutes les apparences ! Ce qui n’est pas une mince affaire. Le combat est beau et difficile ! Nous le savons et nous mesurons bien la performance d’Arnauld : il sait travailler toutes les apparences qui ont un impact sur les pratiques. La voirie comme tous les éléments de l’espace sont impliqués dans la composition du paysage. Ralentir le passage de voitures, y associer les cyclistes et les piétons n’est pas une recette toute faite, mais un véritable projet de paysage. Arnauld le réalise et en prouve l’efficacité : ainsi, le dessin même des voiries, la largeur, la texture, le nivellement doivent être repensés en « paysage », et donc en création absolument adaptée à chaque lieu, à chaque société qui le pratique, à chaque
rêve même. La continuité des niveaux, le jeu des
gabarits suscitent spontanément les pratiques
vertueuses : les automobilistes, passant plutôt au
 centre en évitant les bandes périphériques « inquiétantes », sont « naturellement » contraints à la modestie ; les cyclistes retrouvent un sentiment de liberté ; et les piétons adressent des pieds de nez aux premiers !

Le troisième point original et instructif de la démarche d’Arnauld est son effronterie et son désir de sortir des cases : il étend ainsi la compétence du paysage à des secteurs qui, pour certains, en sont exclus. Il a créé un véritable laboratoire tous azimuts : Alatacc. Les fruits de cette recherche se sont concrétisés par plusieurs brevets ! Qu’il s’agisse des modes de culture ou des matériaux de construction, tout cela est bien utile à la pensée de la ville de demain. Car la nature – ce qui peut paraître là encore une contradiction – demande aujourd’hui bien des innovations pour inventer de nouveaux environnements, à la fois plus écologiques et plus jouissifs. »

Michel Pena – Préface de l’ouvrage La nature en ville par Arnauld Delacroix

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