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Promenade du Paillon à Nice, paysagiste Michel Pena.

Plaidoyer pour une ville ouverte
Michel Péna & Christian Devillers

Michel Pena paysagiste et Christian Devilleres urbaniste

Dans son ouvrage Changer de mode de ville, Michel Péna a convié son ami urbaniste Christian Devillers à sa réflexion, soucieux d’élargir le discours sur la ville-paysage face à l’urgence de reconsidérer l’aménagement des territoires urbanisés.

Christian Devillers est architecte DPLG et diplômé en urbanisme. Il complète sa formation par un master en architecture obtenu à l’université de Pennsylvanie, aux États Unis. À la suite de ses études en 1974, il rejoint l’architecte Paul Chemetov à l’Atelier d’urbanisme et d’architecture (AUA) – l’une des premières agences à associer les métiers d’architecte, d’urbaniste et de paysagiste sous un même toit. En 1984, il quitte le domaine professionnel pour se consacrer à l’enseignement, six années durant. Il en conserve cette curiosité prospective lorsque, en 1990, il ouvre son agence d’urbanisme, d’architecture et de paysage (aujourd’hui rebaptisée D&A), qui annonce clairement une activité alliant la pratique à la recherche. D&A intègre ensuite un quatrième pôle : celui des grands territoires et des mobilités.
 La notion de projet urbain est au centre de ses réflexions et de son travail. En 1976, Christian Devillers signait d’ailleurs le premier article sur le sujet dans la revue Architecture d’aujourd’hui, sous le pseudonyme d’Alfred Max. Cet article intitulé « Pour un projet de forme urbaine » jetait les bases d’une nouvelle conception de l’urbanisme, substituant une vision de projet à la pratique planificatrice et réglementaire de la discipline imposée par la loi d’orientation foncière.
 Michel Péna et Christian Devillers se rencontrent au début des années 1980 à l’AUA et ont l’occasion de collaborer, en particulier avec le fils de Paul, Alexandre Chemeto. Tous deux ont également travaillé avec le paysagiste Michel Corajoud. Leurs points de ralliement sont nombreux. Chacun dans son domaine démontre que toutes les pièces sont aujourd’hui disponibles pour construire de nouvelles formes urbaines durables, et surtout désirables.

Michel Péna : Le développement sera durable s’il est désirable. Comment réimaginer ensemble d’autres manières de faire la ville, pour l’appréhender davantage comme un milieu, un environnement qu’une architecture ?

Christian Devillers : Je pense que l’architecture et le paysage sont des disciplines complémentaires et indissociables pour le projet urbain, dont le fondement est le rapport entre la forme urbaine organisée par l’espace public et les typologies de bâtiments. Cela implique qu’un projet de quartier ne commence pas par l’architecture mais par le vide, c’est-à-dire l’espace public dans lequel il y a forcément du paysage. Au démarrage d’un travail sur une portion de ville, ce qui prime et ce qui reste, c’est la géographie. La pensée du projet urbain rejoint donc, et mieux encore se met à la suite de la pensée du paysage.

[…]

M.P. : Ta démarche est en rupture avec la conception théorique du modernisme. Elle est vraiment paysagère… Comment vois-tu la ville de demain ?

C.D. : Je suis convaincu que la ville écologique n’est pas forcément la cité-jardin, ni la banlieue pavillonnaire, même si ce sont des figures possibles. C’est une ville économe en énergie, en déplacements – ce qui implique probablement une certaine densité, qui motive sûrement de construire à certains endroits, mais pas partout. C’est aussi une ville infiniment plus respectueuse des ressources. Une grande partie des technicités qui accompagnent les projets urbains vient des préoccupations environnementales, liées aux questions climatiques, de biodiversité et de santé. Ces enjeux nécessitent d’autres raisonnements.

M.P. : Je suis persuadé qu’il faut une ville plus dense et plus naturelle. Comment y introduire plus de vides, y préserver davantage la biodiversité ? C’est primordial, car il faut arrêter de coloniser toujours plus de terres arables. Il y a sans doute une nouvelle relation à inventer entre l’habitat et l’espace public. À la limite, nous pourrions réduire les espaces habités à condition qu’il y ait compensation sur l’espace public. Celui-ci doit gagner en qualité d’usage. Cette qualité permettrait d’avoir un habitat d’un autre type. Je pense que la relation entre les espaces individuel et public va nous permettre de penser l’espace différemment.

C.D. : Je ne crois pas qu’un seul modèle de ville s’impose. Il est possible de bien faire avec un large champ de densité. Mais il convient de s’imposer des règles. Par exemple, dans nos projets urbains, nous nous imposons que 50 % du sol reste perméable. Cela change beaucoup de choses. Ainsi, concernant le traitement de l’eau, nous travaillons toujours avec des noues plutôt qu’avec des réseaux enterrés. La ville est tout aussi dense, mais plus naturelle. Nous plantons beaucoup d’arbres… On sait construire de grands bâtiments en bois. De nouveaux matériaux moins carbonés, recyclables sont disponibles… C’est la multiplicité des d’éléments composant la ville qui permettra d’aboutir à un bilan bas carbone et à mieux accueillir la nature.

M.P. : Il est vrai que les techniques apportent des améliorations. Toutefois, l’essentiel est de se mettre à hauteur d’homme, comme tu le soulignes. C’est pourquoi j’ai choisi de titrer ce livre Changer de mode de ville pour changer de mode de vie. Si nous offrons des lieux dans lesquels nous nous sentons bien, il est évident que les comportements évolueront. Et l’impact écologique sera bénéfique, car il sera inutile de partir loin pour jouir du paysage. La ville que tu proposes est ouverte, avec des espaces publics accueillants. L’ombre d’un arbre est quand même la plus belle maison que j’ai trouvée… qui peut se muer en espace collectif propice à la discussion entre citadins.

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Extrait de l’ouvrage Changer de mode de ville de Michel Péna  – Conversation croisée : Michel Péna & Christian Devillers – Collection « Inventons la ville-paysage » by Garden_Lab aux Éditions Fabrique de Jardin.
Livre Changer de mode de ville, par Michel Pena. By Garden_Lab

 

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