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Thomas Doxiadis, paysagiste, île d’Antiparos. Garden_Lab 10, Jardin & Sécheresse.

THOMAS DOXIADIS
Le jardinier du paysage

Thomas Doxiadis, paysagiste, grecque. Garden_Lab 10, Jardin & Sécheresse.
Thomas Doxiadis, jardinier du paysage, a toujours connu ces paysages égéens « qui semblent vieux de milliers d’années, cocréés par les hommes et la nature, magnifiques et équilibrés ».
Depuis les années 1980, le tourisme et une société plus aisée « capturent la campagne ». La colère monte en lui et il n’a de cesse de chercher les moyens de contrecarrer cette destruction. Il part aux États-Unis étudier l’architecture et le paysage et revient en Grèce dans les années 2000, s’attachant à exercer son métier de paysagiste le plus en symbiose possible avec la nature. La question de la sécheresse est certes problématique, d’après lui : « Les modèles climatiques prédisent une augmentation de la température de 2 °C à 6 °C, avec une plus forte progression dans les régions les plus froides. » Mais la végétation est ici déjà adaptée aux étés secs, et pour Thomas Doxiadis, il s’agit surtout de la préserver du béton. Il remarque d’autres changements : « Les coups de vent auxquels nous étions habitués entre la mi-juillet et la mi-août sont plus irréguliers et, ces dernières années, plus humides qu’avant. Les manifestations de l’évolution du climat risquent d’être multiples. »

Quiconque pense aux îles grecques imagine facilement ces paysages sculptés par le climat sec. Peu d’arbres, des arbustes au port arrondi ramassés sur eux-mêmes, comme pour dire au soleil qu’il ne parviendra pas à leur ôter la vie, des plantes vivaces qui s’enterrent en été pour mieux s’exprimer après la pluie. De plus près, on découvre que tout ce beau monde a appris à vivre ensemble, à s’entraider jusqu’à s’être adapté à une forme d’activité humaine : un pastoralisme extensif avec des chèvres parachevant la taille des arbustes. Thomas Doxiadis étudie depuis longtemps « ces paysages de cohabitation », selon sa propre expression. Face à la menace d’un changement imposé par une économie touristique en plein essor, il s’emploie à les préserver en concevant des jardins en symbiose avec la nature.

Thomas Doxiadis, paysagiste, île d’Antiparos. Garden_Lab 10, Jardin & Sécheresse.

Paysage vs bétonnage touristique

Ainsi sur Antiparos, petite île de l’archipel des Cyclades, les grandes propriétés de villégiature poussent comme des champignons. « La loi précise que la construction n’est autorisée que sur des terres agricoles et non naturelles. Résultat, les régions les plus fertiles se transforment en zones habitées, transformant profondément l’histoire même des lieux. Les impacts visuel, agricole et écologique sont considé rables », dénonce le paysagiste. Les chantiers sont monstrueux ! Même s’il constate que de plus en plus de propriétaires prennent conscience de la nécessité d’aménager leur jardin et les terres alentour avec une végétation qui supporte la sécheresse, cela ne suffit pas à sauvegarder le terroir. Depuis plus de quinze ans, son entreprise développe des jardins secs qui associent la responsabilisation vis-à-vis de la ressource en eau à l’intégration de l’aménagement dans le paysage. Son défi est de donner l’impression que la maison et ses à-côtés ont été délicatement posés dans un espace naturel ! Facile, direz-vous, puisque la végétation est déjà sur place… Détrompez-vous. Pour réussir de telles installations, le client, l’architecte et le paysagiste doivent s’accorder dès le départ. La symbiose développée par Doxiadis+ s’applique également aux relations humaines. Sans compréhension et appropriation du projet, le succès de la démarche paysagère serait compromis.

« Ma mission commence par l’analyse et l’inventaire des éléments du site, bien avant le démarrage du chantier de la maison et de ses abords, dans le but de limiter au maximum l’impact des interventions. Avec l’architecte et le propriétaire, nous cherchons alors la solution qui permettra de minimiser les risques de dégradation de ces éléments lors de la construction, en incluant l’impact des bâtis. En parallèle, nous travaillons sur le dessin de l’ensemble : tracé des allées, terrassements, infrastructures de soutènement, volumes des plantations, de façon à harmoniser le bâti et les différents usages du lieu avec le paysage existant. Le programme de plantation interviendra ensuite », explique Thomas Doxiadis.

Sur ce dernier point, il a pris le parti d’installer de plus en plus de plantes indigènes, adaptées au climat local. Des plantes qu’il commence à trouver en quantité suffisante dans les pépinières. « L’aménagement d’un lieu peut nécessiter l’implantation de cinquante espèces locales, dont une dizaine est essentielle. Et au final, seules cinq seront disponibles dans les pépinières. C’est un problème », déplore-t-il. Pour satisfaire ses besoins, l’entreprise a développé un système de contrats de cultures sur l’île de Milos, réputée pour sa sécheresse. Cette île lui sert également de base expérimentale pour affiner les pratiques de jardinage en conditions de sécheresse. Un programme mené en association avec des pépiniéristes : les Grecs George Petrakis et Calliope Grammatikopoulou, et le Français Olivier Filippi. Sa rencontre avec le pépiniériste montpelliérain en 2005 a été déterminante dans le travail de mise au point d’aménagements de jardins, limitant l’usage de l’eau dans un premier temps, puis utilisant des plantes indigènes adaptées aux conditions locales. « Olivier Filippi est un véritable coffre au trésor ! » s’exclame-t-il.

Si jardiner en conditions de sécheresse est techniquement possible, selon Thomas Doxiadis, il faut compter avec des difficultés sur le terrain plus coriaces encore. Dans l’archipel des Cyclades, la pluviométrie oscille entre 400 mm et 200 mm d’eau et le vent dessèche l’air. Certaines plantes, même indigènes, auront besoin d’un arrosage au moment de leur implantation, tant le terrain est sec. Ensuite, elles pousseront lentement ! Le futur hôte des lieux doit en être averti, car il attend souvent une rapide luxuriance. Le dessin du jardin autorise quand même une forme d’exotisme aux abords de l’habitation, dans les endroits protégés du vent, les cours et les patios. Voire, pourquoi pas, un potager ! L’arrosage est possible dans ces conditions moins desséchantes. Cela permet ainsi de satisfaire la demande sans trahir le propos général. La sélection végétale reste en cohérence avec la nature alentour. « Dans ce cas, dit-il, nous jouons sur les contrastes, nous apportons parfums et couleurs, introduisons le plus possible de plantes traditionnellement cultivées pour leur usage culinaire, médicinal, ou utilisées pour apporter de l’ombre près de l’habitation. »

Le résultat est saisissant : un jardin fondu dans le paysage local, avec de grandes ouvertures et des perspectives qui attirent subtilement le regard, sans jamais le heurter. Un jardin qui donne l’impression d’avoir toujours existé ! La méthode utilisée ici dans un cadre naturel assez préservé, quoi qu’en dise Thomas Doxiadis, s’applique à tous les contextes dans lesquels son entreprise travaille : lieux publics, infrastructures à caractère industriel, commercial ou touristique, en ville comme à la campagne. L’environnement prime. « Notre méthode est identique dans chaque projet, déclare-t-il. Nous étudions le lieu avec une approche sensible, de façon à comprendre les éléments et les forces qui le composent : sa topographie, son sol, les composantes naturelles (les vents, le régime hydrique, les communautés végétales, la faune…), son histoire, la présence humaine, les nouveaux usages. Notre travail consiste à formuler un nouveau design en s’appuyant autant que possible sur l’existant. »

Quant au réchauffement climatique, il reconnaît que le bassin méditerranéen a la chance de disposer de dizaines de milliers de plantes locales adaptées à différentes conditions de sécheresse. Le paysagiste redoute davantage une météo en dents de scie sur ces îles, plus humide certaines années puis de nouveau plus sèche, ce qui affecterait la végétation acclimatée aux étés sans eau. La question est de savoir à quelle vitesse ces changements auront lieu et si les écosystèmes pourront s’y adapter. « Beaucoup d’études sont nécessaires pour comprendre ce que l’avenir nous réserve et savoir dans quelle mesure nous pouvons accompagner les écosystèmes pour faire face aux changements », conclut le paysagiste et architecte. _

Garden_Lab 10, Jardins & Sécheresse.
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