Marc Jeanson : un botaniste au jardin Majorelle
Un botaniste au jardin Majorelle. Dans ce lieu qui a reçu tant d’artistes, de paysagistes et d’amoureux des plantes, la nouvelle…
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Le jardin botanique de Lyon, lové dans le parc de la Tête-d’Or, est en train de vivre une révolution. Les plantes n’y sont plus des objets de curiosité, mais doivent aider à comprendre le monde vivant.
À Lyon, le parc de Tête-d’Or est une institution dans le cœur des Lyonnais. C’est un énorme poumon vert dans la troisième ville de France en nombre d’habitants et le lieu le plus fréquenté de la ville. C’est aussi une légende, celle du lieu-dit sur lequel a été implanté le parc. Le nom propre «Tête d’Or» serait ainsi lié au trésor que les croisés auraient enfoui : une tête de Christ en or. Le site recèle un autre trésor encore plus précieux : un monde vivant et une culture botanique d’une grande richesse. Le parc est créé au milieu du XIXe siècle dans le but de « donner de la nature à ceux qui n’en ont pas ! », selon les propres mots du préfet et maire de l’époque, Claude-Marius Vaïsse. Cent soixante ans plus tard, ce discours continue de résonner aux oreilles de citadins de plus en plus asphyxiés par la densification de leur cadre de vie.
Les collections végétales de Lyon comptent parmi les plus grandes et les plus diversifiées des jardins municipaux français. Elles ont accueilli jusqu’à 16 000 espèces réparties entre l’arboretum, l’école de botanique, les jardins alpin et oral, la bambouseraie, la roseraie, les collections tropicales, de climat sec… sans autre mise en scène que le gigantisme des unes et la diversité botanique des autres. Cette organisation est héritée du temps où la valeur du jardin botanique tenait à la richesse de ses collections et aux ouvrages, monumentaux parfois, construits pour recevoir ces bijoux venus du monde entier. […] Mais voilà, l’époque a changé. Le jardin botanique de Lyon se doit d’innover pour satisfaire d’autres curiosités du public. Lancé en 2019, le projet prévoit plusieurs années de travaux.
Les codes du musée moderne arrivent dans les jardins et bousculent l’organisation traditionnelle des plantes par collection. Aujourd’hui, il faut raconter des histoires, de l’avis de Gilles Deparis, directeur du jardin botanique de Lyon. Fini les panneaux pédagogiques trop descriptifs et les alignements de collections de plantes. « Nous repensons totalement le lieu. L’idée est d’immerger le public dans un climat, un biome et de le faire rêver », analyse-t-il. Il s’agit de recréer au plus près les ambiances, y compris sonores, des milieux visités et donner à comprendre qu’un biome (ensemble biologique, végétal et animal adapté à un environnement spécifique) n’est pas forcément inféodé à une seule zone géographique. Un exemple : le biome méditerranéen ne se limite au bassin du même nom, mais se retrouve dans le sud de l’Australie, en Californie, en Afrique du Sud, sur la côte chilienne. Cinq biomes seront ainsi reproduits sous les serres entièrement rénovées du jardin. À l’extérieur des serres, l’heure est également à la rénovation dans ce même esprit pédagogique.
Le changement est profond, car il ne s’agit plus pour ce haut lieu de la botanique de montrer l’étendue de ses collections, mais bel et bien de faire voyager le public dans la biodiversité, depuis le jardin alpin à la roseraie, des serres tropicales aux déserts. « Cela ne sert à rien de montrer les 600 taxons d’Aracées de la collection. Ce qui importe, c’est de mettre en avant les principaux, leurs différences, les espèces menacées… et délivrer un message qui connecte le végétal, l’animal et l’homme», note le directeur du jardin, qui ajoute que cela concerne également les patrimoines vivants locaux, horticole et sauvage. Outre la valorisation pédagogique des ressources, le site poursuit des missions de recherche, de conservation et entend également être une force de proposition pour des filières professionnelles. « Grâce à la diversité botanique des collections, et en collaboration avec la station expérimentale locale, nous pouvons tester des solutions adaptées à l’évolution du fleurissement des villes, par exemple, se réjouit Gilles Deparis. Puis assurer le relais de l’information auprès des paysagistes, des services espaces verts, des étudiants et même auprès du public. Notre but est d’être une plateforme d’innovation. » Telle une vigie, une sentinelle au milieu du vivant.
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Cet article est extrait du neuvième opus de la revue Garden_Lab : [Être] botaniste. À découvrir dans sa version intégrale
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